Aujourd'hui, j'ai commencé par me rendre de nouveau au monastère Gandan Khiid. La sérénité qui se dégage de ce lieu est proche de ce que je peux ressentir en pleine nature. Cette fois je suis entrée dans les différents temples (je n'avais pas osé m'aventurer ailleurs que dans le temple principal jusqu'à maintenant) et je suis restée presque 2 heures à écouter les chants des lamas. Il y en a de tous les âges et plus leur siège est haut plus leur rang est élevé. Ils prient à haute voix, mangent, font résonner les cymbales, la flûte censée reprendre le son de l'éléphant sacré, le tambour. Tout est très codifié et chacun sait ce qu'il doit faire. Moment d'apaisement par excellence.

Il est temps de partir, j'ai rendez-vous avec ma babouchka mongole que j'avais rencontré dans le bus, Darima. Malheureusement, ce sera un rendez-vous manqué. Dommage, j'aurai bien aimé la revoir. Un vent glacial s'est levé sur Oulan Bator et des nuages de poussière tourbillonnent. Tout le monde s'étonne de ne pas encore avoir de neige. Je préfère rester au chaud et passer le reste de l'après-midi au musée de l'histoire de la Mongolie. Le peuple mongole a su prouver sa résistance au cours de son histoire entre les différentes invasions et guerres menées. Il semble qu'il y ait un peu de bravoure de Ghengis Khan dans chaque Mongol. En 1990, ils ont eux aussi décidé de se libérer du joug communiste. Altaï était au collège-lycée a ce moment là. Elle me raconte elle aussi à quel point c'était un temps heureux avant. Elle tient le même discours que les filles avec qui j'avais discuté à Oulan Oudé : tout le monde vivait de manière égale, allait à l'école, avait du travail. Les enfants pouvaient jouer dans la rue sans problème jusque tard le soir. Le changement a été brutal pour eux aussi. Beaucoup d'hommes se sont mis à boire, perdus. Ils ont dû apprendre à décider de leur sort ; avant, l'état décidait de tout pour eux. Altaï me précise que la transition a été difficile pendant une 10aine d'année. La vie citadine actuelle de la capitale de la Mongolie semble en apparence similaire à celle d'une capitale européenne (des magasins, des coffee shop partout...) avec peut-être le poids d'une tradition nomade et bouddhiste en plus. Des inégalités peut-être un peu plus fortes aussi. Je pense que la plus grande différence réside dans le fait que tous, à part la dernière génération, ont la mémoire du temps communiste. Ils peuvent comparer et se rendre compte du meilleur comme du pire des deux systèmes. Je dois avouer que ça me fait un peu peur. Quand on voit jusqu'où le système communiste a pu aller avant que le peuple n'en décide autrement, je me demande jusqu'où ira le système libéral actuel...

Bon, je tâcherai d'imaginer demain une conclusion un peu plus joyeuse à ce voyage. Demain, je me lève à 5h à Oulan Bator et j'arrive à 22h à Nancy (5h à Oulan Bator). Grosse journée de transport !