Départ de bonne heure ce matin pour prendre un bus pour la Mongolie. J'ai choisi le bus plutôt que le train car ce dernier s'arrête au moins 10 heures à la frontière et le bus est finalement plus rapide. Une gentille petite grand-mère vient s'assoir à côté de moi et nous faisons les présentations. Elle s'appelle Darima et voyage avec sa fille Baïra et son petit fils Tagar, juste à côté. Ils habitent à Oulan Bator mais sont originaires d'Oulan Oude. Elles parlent toutes les deux le russe et le mongol. Le mongol est une langue très dure avec des sons très gutturaux. Cette langue s'écrit en alphabet cyrillique depuis les années cinquante je crois. Mais il existe un mouvement qui souhaiterait de nouveau utiliser les symboles traditionnels mongols. Peut-être pour retrouver une identité propre après l'influence soviétique. La Mongolie est positionnée entre 2 méga puissances que sont la Chine et la Russie. Selon mon guide macho, la Russie fait tout pour garder son influence sur ce pays. Selon lui, c'est bien mieux pour eux car les chinois, eux, ne s'intègrent pas bien à la population mongole. 
Je m'apprête donc à passer environ 12h dans ce grand bus. Encore une fois, le temps passe finalement vite. Je dois gratter le carreau qui a gelé à l'intérieur pour voir le jour se lever sur un paysage blanc et scintillant de givre. La taïga s'efface peu à peu pour laisser totalement la place à la steppe. Je sympathise bien avec Darima et lorsque nous arrivons à la frontière, elle va s'occuper de moi comme une mère. Elle m'explique tout ce qui se passe, m'attend et m'aide. Elle passe devant tout le monde (c'est une babouchka, c'est normal !)... pour me faire passer devant ! Elle est adorable !
Le passage de la frontière est une expérience en soi. Le bus s'arrête (Nos passeports ont déjà été contrôlés plusieurs fois dans le bus). On attend au moins 30 min. Puis on nous demande de sortir et de récupérer notre bagage en soute pour passer la frontière. Longue attente et contrôle aussi poussé qu'à l'aéroport.
On remonte dans le bus pour 10 min, et on recommence cette fois-ci pour le poste de douane mongolien. Pratiquement 2 heures de perdues ! Arrivés en Mongolie, arrêt au café de la frontière pour se restaurer. Chemins de terre, poussière, chiens errants, vaches en liberté. En sortant du bus, plusieurs personnes nous attendent avec des gros paquets de billets. Sous l’œil avisé de Darima, j'échange les roubles qui me restent contre la monnaie locale. 500 roubles contre 20 000 tugriks. On comprend mieux les poignées de billets. Ici, on les distribue comme si c'était des cartes à jouer. Je m'attable bien sûr avec cette petite famille. Baïra tient un salon d'esthétique à Oulan Bator. Dans le même bus se trouvent d'autres de ses collègues qui se rendent à une formation le lendemain. Nous déjeunons rapidement, il faut repartir, le conducteur klaxonne d'impatience. Le klaxon est un accessoire indispensable ici : pour éloigner de la route les chiens et le bétail ou pour prévenir qu'on va doubler. C'est sûr que les routes sont plutôt étroites et cabossées. 
On traverse maintenant un immense territoire de steppe mongole. Sur 4 heures de route, nous traverserons seulement un ou deux villages. De la fenêtre, on aperçoit les grands troupeaux de vaches, moutons, chevaux, chèvres parfois accompagnés d'un "berger" en costume traditionnel. 
Nous arrivons à OB de nuit et Baïra me propose de partager le taxi avec sa famille. Je suis entre de bonnes mains pour retrouver mon hôtel. Elle se retrouve très vite dans la jungle des voitures et des taxis qui n'ont aucun symbol particulier ici. Devant mon hôtel, Baïra insiste : "tu nous appelles !" 
Voilà comment on trouve une famille d'adoption en Mongolie. 
C'est la pleine lune ce soir.