La journée a commencé très tranquillement car j'avais un rendez-vous seulement à 12h avec une personne qui m'organise mes expéditions pour les 3 jours à venir. Petite visite au musée puis je me décide à aller voir le temple bouddhiste le plus proche. Je prends donc la marchroutka n°97 jusqu'au terminus. Ce temple se situe tout au nord de la ville sur les hauteurs. C'est d'abord une vue magnifique que je découvre en arrivant. Le dernier passager de la marchroutka va aussi au temple et il engage la conversation. Il se donne pour mission d'être mon guide et commence par me dire de mettre mon chapeau avant d'entrer. La porte s'ouvre sur une grande salle avec pour pièce maîtresse un bouddha doré de 6 mètres de haut au fond du temple. Puis des lamas en tenues oranges foncées assis en tailleur qui récitent des mantras d'une voix très grave et monotone. C'est la première fois que j'entends en vrai ces prières qui semblent ne jamais s'arrêter et c'est impressionnant. Leurs voix résonnent dans tout l'espace et dans les têtes des 10aines de personnes qui sont assises devant moi sur des petits bancs. Le temple affiche quasi complet. Assise au fond, mon guide me fait des signes amusés pour m'indiquer ce que je dois faire : mettre une pièce dans ma main ou remettre mon chapeau. Puis la cérémonie se termine et les gens se lèvent pour passer devant les lamas qui les "bénissent", puis passent devant le bouddha sans jamais lui tourner le dos. Mon guide m'incite à le suivre et je suis "bénie" à mon tour. Je reste un instant au fond de la salle pour observer les divers rituels : certains s'allongent à plat ventre pour prier, d'autres récupèrent une eau (bénite?) et s'en mettent quelques gouttes sur la tête, d'autres encore vont faire sonner une cloche à l'extérieur. Mon guide m'attend. Il m'appelle : "Maria !". Pour lui, une européenne s'appelle forcément Maria, et puis de toute façon, mon prénom est trop difficile pour les russes. Il veut me montrer une balade autour du temple qui présente les divinités symboliques de chaque année : la souris, la vache, la chèvre... La divinité de 1983, c'est le cochon. Séance photo obligatoire avec ma tablette qui l'amuse beaucoup. Mon guide, appelons le Igor puisque moi je suis Maria, enseigne la langue et la littérature bouriate à Oulan Oudé. Il est très honoré de parler avec une étrangère. Lui n'a jamais quitté la région. D'ailleurs, même le lac Baïkal, qui finalement n'est pas si loin, reste un endroit peu visité pour les locaux. Il me pose des questions, me parle beaucoup, je comprends un peu. Je suis passée maître dans l'art de faire croire que j'ai tout compris. Tout passe dans le regard. Je préfère cela à la gêne de mon interlocuteur qui cherche désespérément à se faire comprendre. Nous nous quittons cordialement. Ils sont vraiment accueillants ces bouriates. 
Dans la soirée, il y a du mouvement à l'appartement. Nous sommes dimanche soir et il y a pas mal de jeunes et d'étudiants qui dorment ici la semaine. J'y retrouve un peu une ambiance d'internat qui me plaît. L'un des étudiants s'appelle Vadim. Il était déjà là quand je suis arrivée. J'ai encore du mal à communiquer avec lui car il est très timide et a du mal à regarder dans les yeux. C'est un jeune étudiant en finances qui doit avoir du succès auprès des filles. Il a les traits asiatiques fins sans pour autant avoir le visage rond qu'ont les bouriates. Ce soir, on a finalement réussi à discuter un peu, aussi avec Vlad notamment qui nous a rejoint ce soir. Quelle ne fût pas ma surprise d'apprendre que Vlad est ... ethnologue, le métier que je rêvais de faire ! Qu'il étudie différentes ethnies de Mongolie, qu'il habite à Oulan Bator, et qu'il s'y rend de nouveau dans deux jours. Combien de chances j'avais de tomber sur un ethnologue spécialisé dans cette région du monde ? Il donne des cours de russe là-bas en préparant sa thèse. Il me propose de le retrouver là-bas pour me montrer des endroits sympas. C'est ça le voyage ! Bon, le petit ic, c'est qu'il ne parle que russe, mais bon... pas besoin de toujours tout comprendre... le regard en dit suffisamment long parfois, non ?