Hier, j'ai pris la décision de remettre mon programme des 3 prochains jours dans les mains de Svetlana, qui est conseillée par tous les guides. Le programme d'aujourd'hui était fait de plusieurs choses intéressantes : 
● visite de l'Eglise Orthodoxe d'un petit village typique qui accueille des Sœurs. J'ai eu le privilège de monter dans le clocher pour voir les alentours.
● découverte de plusieurs plages superbes sur le lac Baïkal.
● balade dans un village où se trouve une source d'eau chaude thermale.
Par la fenêtre de la voiture, l'immensité de la taïga. Des bouleaux et des pins, comme une quantité infinie de bâtonnets blancs et noirs plantés là dans le sol gelé. Avec la vitesse de la voiture, les blancs restent imprimés dans la rétine pour former un léger voile. C'est toute la force de la Sibérie qui s'exprime là.
Svetlana m'a également raconté des choses très intéressantes sur l'histoire et les légendes de la région. Elle parle beaucoup de la perestroïka avec clairement un avant et un après qui la concerne en tant qu'agence de tourisme. Avant, les étrangers et le tourisme étaient tout simplement interdits ici.
Mais voilà, tout ça sonnait un peu trop creux à mon goût. Même si ça lui faisait plaisir de me promener toute cette journée, moi, il me manquait le partage. Le tourisme comme bien de consommation ne me convient pas lorsqu'il ne fonctionne que dans un sens. Les deux prochains jours, il y aura 2 autres "touristes" avec moi. J'espère qu'ils seront intéressants !
Sinon, j'ai eu d'autres expériences de voyage très intéressantes. La première est une discussion avec les 2 jeunes filles qui travaillent à l'appartement. En partant du sujet des études, elles en arrivent à me dire que leurs parents préféraient le temps de l'Union Soviétique car tout le monde recevait une éducation gratuitement. Elles aussi, à les écouter, semblent penser que ça devait être mieux. "Il y avait de la pauvreté, mais au moins tout le monde était pauvre de la même manière". Et puis leurs parents semblent nostalgiques de ce temps-là, parce qu'ils y étaient "heureux". Je m'empresse bien évidemment d'apporter quelques objections, "par exemple à cette époque, on ne pouvait pas voyager." Enfin si, seulement dans les autres pays soviétiques. "Et il y avait des gens qui disparaissaient aussi." "Oui, c'est vrai, on ne sait pas ce qu'ils devenaient ni ce qu'ils avaient fait." On évoque la Corée du Nord. Je leur relate une histoire qu'un Coréen du sud m'a raconté il y a quelques jours. Il s'est retrouvé dans un train, et un coréen du nord lui a demandé de venir le rejoindre discrètement dans les toilettes pour discuter. Même dans cet endroit très privé, l'autre homme prenait un énorme risque, car il lui était interdit de parler à des étrangers. Il pourrait se faire dénoncer. Facile en plus de reconnaître lequel est de quelle nationalité aux vêtements. Les filles n'ignorent pas cette situation. Et malgré tout ça, elles continuent de croire comme leurs parents, en l'idée qu'avant c'était mieux. Le pouvoir de ce système communiste est incroyable ! Et puis bien sûr, j'ai pris le temps, enfin non, Vlad a pris le temps de discuter avec moi. Il me parle de son sujet de thèse qui est la notion d'identité chez les différentes ethnies mongols. Qui se sentent-ils être ? J'évoque la façon dont la question de l'identité a été utilisée à mauvais escient en politique en France. Et puis ce sujet fait aussi fortement écho à la notion de frontière. Et avec, le projet photo des 3 frontières bien sûr. Vadim nous rejoint. Il est aussi question de la langue qu'on parle. Vadim n'ose pas s'exprimer en anglais qu'il apprend pourtant en cours. Vlad, lui, peut comprendre le mongol mais a du mal à s'exprimer dans cette langue qui est difficile. Il explique comment il fait ses recherches en interrogeant les gens, et les complications dues au langage. C'est passionnant. Puis on parle histoire, voyages... S'il avait une baguette magique, Vadim partirait en Norvège. Tiens, tiens, un pays riche pour un futur financier... Vlad ? Sur l'île Samoa. Une île un peu plus préservée du monde extérieur pour l'ethnologue. Et moi ? J'ai déjà un peu fait marcher ma baguette magique en venant ici. Je retournerai bien à Olkhon en d'autres saisons, et en Yakoutie plus au nord, et à Kamtchamka. 
Allez, Vlad, on poursuit cette discussion à Oulan Bator !