Prête pour changer d'air. Quelques échanges avec le jeune gérant de l'hôtel, Enkhjargal, qui me simplifie beaucoup les choses. Il faut dire qu'il est serviable bien au delà de ce qu'il est supposé faire ! Il me propose de laisser mon gros sac dans ma chambre le temps de mon excursion (l'hôtel est presque vide en ce moment). Il me prépare aussi des petits papiers en mongol pour expliquer ce que je veux. Ça sera bien utile. Me voilà donc montée dans un bus brinquebalant, et ce jusqu'au terminus, Nalaikh, une petite ville en banlieue d'Oulan Bator. Celle-ci s'étend sur des kilomètres. D'abord des grands immeubles de type soviétique, puis petit à petit quantité de petites maisons de plein pied et de yourtes (ici on dit ger) poussiéreuses entourées de clôtures en bois. De nouveaux passagers montent dans le bus. Ma voisine me dévisage : mes vêtements, mon sac, mes yeux, mes cheveux. Je tente un sourire qui reçoit peu d'écho. Ici, je suis bel et bien une étrangère et ma voisine semble avoir bien du mal à comprendre ce que je fais là. A Oulan Bator, je ne pouvais pas regarder mon plan plus de 2 min sans que quelqu'un me propose son aide. Dans ce bus, c'est un peu différent, on est moins habitué à côtoyer des étrangers. A Nalaikh, une dame qui parle un peu russe m'aide à trouver ma "marchroutka mongole" (c'est à dire comme les russes, sans la moumoute kitsch et avec une capacité de près de 15 passagers en se serrant bien!) pour Terelj. Concentré de paysages superbes jusqu'au terminus. Terelj est un village habitué aux touristes. Il possède 2 grands hôtels et des campements de gers pour l'été. Je décide d'aller grimper tout en haut de la montagne histoire d'avoir un point de vue global. Efforts récompensés puisque je me retrouve devant un horizon tellement lointain et la rivière gelée en contrebas. Je me pose quelques instants pour me rendre compte à quel point c'est différent d'être seule en pleine nature et seule en ville. Dans la nature, le silence nous envahit, c'est la vraie solitude. Mais on se sent vivant, on sent l'air qu'on inspire, on peut ne plus penser à rien et simplement contempler. En ville, pour exister, on doit dire, faire quelque chose, aller quelque part.
L'énergie retrouvée, direction le bord de la rivière. Promenades du dimanche en famille, on se défie à marcher le plus loin possible sur la glace. Des conducteurs de 4x4 s'amusent à traverser la rivière en son lit le moins profond. Une voiture vient de noyer son moteur. Le soleil commence à baisser, il serait peut-être temps de trouver un endroit où dormir. Je ne veux pas finir dans cet hôtel chic, seul encore ouvert, où les nouveaux riches mongols se saoulent et flambent avec leurs voitures neuves. Je me rends donc au cœur du village et interroge une mamie en costume traditionnel. Ici, même si ce n'est pas la saison, les touristes on connaît. Elle me dirige vers Tonga. En moins de 2 min, je me retrouve à traverser la rivière à cheval direction une partie du village un peu à l'écart composé de gers. Tonga, en plus de sa propre ger, en possède une autre pour les touristes l'été. Comme je suis seule, je resterai avec elle dans sa ger chauffée moyennant une petite somme. Je croise sa fille qui part pour la semaine à l'école. Tonga ne parle ni anglais ni russe... échanges limités. Elle me donne à regarder ses albums photos. La vie de famille dans une ger en Mongolie n'est pas bien différente de la nôtre. Tonga prépare sur le poêle central un plat simple à base de riz et de viande et m'offre de son thé salé au lait. Une petite télé est allumée en permanence: Retransmission de lutte mongole, émissions culinaires, pubs, séries coréennes, émissions diverses montrant des magasins et divers biens de consommation. Je constate que mon lit ne va pas être des plus confortables. C'est un petit lit en bois sans matelas. Ouïe ! Échanges de sourires avec Tonga. Pour elle, tout est normal.