Aujourd'hui, je me faisais une joie de reprendre le train. Le petit moment de frayeur passé (j'avais un petit doute sur l'horaire du train qui est toujours affiché à l'heure de Moscou), je m'installe à ma place tranquillement. Je monte à bord en même temps que les élèves d'une école. Ils transportent tous leurs skis. La provodnitsa est un peu sur les nerfs, elle doit vérifier de nombreux documents qui me semblent être des autorisations pour chaque élève avant qu'ils montent. Elle n'a pas l'air très enchantée de devoir faire la nounou. A côté de moi, il y a donc des ados russes tout ce qu'il y a de plus classique, jeux vidéos, tablettes électroniques, quantité de sucres à disposition, musique à fond dans les casques... papaoutai, metallica et divers boum boum russes. Ils m'amusent beaucoup et font beaucoup sourire la petite grand-mère en face de moi (Ah ! Enfin une petite grand-mère dans l'histoire !). Elle s'appelle Svetlana et nous discutons un petit peu. Je comprends qu'elle a deux filles et qu'elle revient de chez l'une qui a un petit garçon de 5 mois. Elle dit qu'elle est vieille et pleure doucement. Je trouve toujours incroyable de voir à quel point on peut confier ses états d'âme à des inconnus, particulièrement en voyage. 
Au dessus de moi, un gros dur qui ronflera une bonne partie du trajet. Dans l'espace d'à côté, des militaires. Ils sont très calmes par rapport à ceux rencontrés la dernière fois. Ils n'ont pas l'air d'être alcoolisés eux. Ils semblent très jeunes, peut-être 18 ans, le crâne rasé, l'habit kaki. J'observe l'un d'eux qui semble être dans sa bulle à regarder par la fenêtre. Il me faudra bien 4 ou 5 heures pour oser aller lui parler (heureusement, les trajets sont longs !). Je me suis finalement lancée et je lui ai demandé s'il acceptait que je le prenne en photo. Il a accepté d'un sourire gêné. Echanges de rires moqueurs de la part de ses compagnons de voyage. J'espère que la photo sera réussie. 
Sinon par la fenêtre, le paysage est juste magique. J'avais volontairement choisi un trajet de jour pour pouvoir apprécier la vue du lac. La voie ferrée le longe en effet pendant plusieurs heures. D'un côté, il y a donc le Baïkal et ses nuances de bleu, la brume au fond dans les montagnes. De l'autre, il y a les forêts de bouleaux, la montagne, les prairies. De temps en temps, on passe dans des villages. Quand il y a une gare, c'est clairement l'édifice le plus moderne. Sinon, on sent bien que c'est une région plutôt pauvre : des cabanes en bois, un chien errant à 3 pattes, des vieilles voitures russes, des chemins de terre. Le marron et le gris dominent. On sent un passé industriel révolu.
Arrivée à Ulan Ude. D'un premier abord, la ville est plutôt grise. Il y a beaucoup de voitures. Il semblerait que la ville ait enregistré un boom économique ces dernières années et tout le monde veut une voiture. Les infrastructures ont du mal à suivre. Je sors de la gare et demande mon chemin à deux dames. Elles semblent très heureuses de m'aider et sont fières d'échanger quelques mots en français. Un peu plus tard, un passant viendra spontanément à ma rencontre pour m'aider. La Bouriatie me plaît déjà. Je laisse tomber mon plan couchsurfing de ce soir. Mon hôte affichait un peu trop à mon goût son admiration pour Poutine et son rejet de l'homosexualité. Je retrouve donc dans une petite auberge de jeunesse sympa mes amis Juan et Constantina que j'avais rencontrés à Olkhon. Ça fait plaisir de retrouver des têtes connues !