Ce matin, je quitte Katya dans un tramway bondé, direction la gare routière. Là, je vais prendre une marchroutka pour me rendre sur l'île d'Olkhon. Marchroutka ? Je pourrais tout aussi bien utiliser le mot minibus. Mais vous auriez une fausse image de ce qu'est vraiment une marchroutka. Visualisez plutôt un vieux van sale (ben oui, elle est propre votre voiture quand il y a de la neige ?) Toyota par exemple, avec un volant à gauche ou à droite, peu importe, il y a les deux ici, avec 7 à 11 sièges à l'arrière (c'est modulable, il y a des strapontins !), rideaux stylisés aux carreaux, moumoute sur les sièges, musique russe. Vous y êtes ? Inutile de chercher votre ceinture, il n'y en a pas. C'est parti pour 5h30 de route. 
Peu après Irkoutsk, on se retrouve très vite dans un paysage de steppe, avec des vaches et des chevaux en liberté. Il reste seulement un peu de neige à l'ombre. Un arrêt, on prend un autre voyageur (le strapontin !). Paysages de forêt. De temps en temps, une station essence, une ferme au bord de la route et c'est tout. De nouveau la steppe un peu plus vallonée puis au bout de 3 heures, un village qui semble plus grand. La marchroutka s'arrête au bord de la route. 2 passagères descendent, et 2 autres arrivent. Ce sont des locaux, des bourriates aux doux visages asiatiques. Ils chargent plusieurs sacs en toile sur le toit de la marchroutka et nous voilà repartis. Bientôt le macadam laisse place à un chemin de terre et de cailloux. La marchroutka passe en mode vibreur. 
Et là, je l'aperçois enfin, le lac Baïkal d'un bleu puissant entouré des steppes arides vallonées. La marchroutka s'arrête. Il faut attendre le ferry. Je sors pour prendre quelques photos et je tombe nez à nez avec mes amis Isabella et Micha qui sont dans une autre marchroutka avec leurs collègues allemands. Retrouvailles ! 
Après la traversée, le chemin, quand il y en a un, nous amène à Khuzhir, le seul petit bourg de l'île. Le chauffeur arrête les passagers où ils le souhaitent. 
Pour moi, ce sera Philoxenia. Ici, on est chez Sergueï. C'est d'ailleurs lui qui m'accueille. Le principe est simple : il te loge, et si tu peux, tu l'aides dans ses travaux. Il a retapé la seule église de l'île comme cela. Maintenant, c'est une maison qu'il construit où il pourra accueillir d'autres voyageurs. J'avais lu un article sur Sergueï avant de partir. Il a étudié, notamment à la Sorbonne, et un jour il a voulu voir autre chose et s'est mis à faire de l'autostop. Il a été touché par la grande générosité des gens le long de son parcours. Il a par la suite décidé de quitter Moscou et la vie citadine pour s'installer ici alors qu'il n'y avait pas encore grand chose (le tourisme n'y est que très récent).
Je rencontre Valérie, qui est ici depuis 6 semaines. Elle est originaire de Lorraine ! Et puis je rencontre Federico, un argentin de passage comme moi. A la suggestion de Valérie, je vais me promener au bord du lac. Whaou ! C'est une émotion incroyable d'être ici. Les quelques arbres sont tous "décorés" de nombreux rubans colorés. C'est que cette île est l'un des 5 plus grands pôles de l'énergie chamanique au monde. Un peu plus loin, un site chamanique avec de grands poteaux eux aussi décorés de milliers de rubans. Il souffle un vent glacial ! Je retourne chez mon hôte pour donner un petit coup de main. Puis, je rentre dans la petite maison des invités qui est une pièce qui fait office de chambre et de pièce à vivre. Des toilettes sèches se trouvent à l'extérieur, et petite surprise, il n'y a pas d'eau, les canalisations sont gelées. Pas grave, je commence à être habituée aux conditions rudimentaires ! 
Je passe la soirée avec Federico. Il est parti d'Argentine il y a 3 ans, et depuis il voyage dans le monde dont l'Inde, l'Australie, l'Indonésie et notamment 10 mois en France. Du haut de ses 22 ans, il a la grande sagesse du voyageur. Sa façon de voir la vie est très belle : "Il faut savoir prendre le temps de vivre".
Glagla, il va maintenant falloir essayer de dormir dans ce froid glacial ! Demain, une excursion qui devrait valoir le détour !