Nous sommes arrivés à Mörön par un bus de nuit depuis Oulan-Bator il y a 2 jours. La veille de partir d’Oulan-Bator, nous nous étions retrouvés dans un centre commercial de luxe (il y en a plusieurs comme ça) avec des couloirs de marbres immenses, la climatisation glaciale, des boutiques de chocolats belges aux bijoux de luxe, le tout vide de clients. Quel contraste avec Mörön ! Cette petite ville de 30 000 habitants au nord-ouest de la Mongolie n’en est pas moins le chef-lieu de la région. Pour arriver là, 13h de bus sur une unique route plus ou moins goudronnée. Quelques villages par-ci par-là, et surtout des steppes et des yourtes isolées avec des troupeaux de vaches, chevaux ou chèvres… que le chauffeur klaxonne pour nous libérer le passage. Malgré l’inconfort du bus, depuis la fenêtre, je savoure le lever du soleil, tel une boule de feu qui s’élève sur la montagne.

Arrivés à Mörön et nous retrouvons Saraa qui nous attend de bon matin à la gare routière. Nous avons trouvé Saraa sur le site workaway qui propose des missions de volontariat contre logement. Et Saraa a bien besoin d’aide. Elle est impliquée dans de nombreux projets sociaux. Il y a beaucoup de femmes seules avec enfants. On n’entend pas parler des maris. Problèmes d’alcool souvent. Les femmes ici doivent savoir se débrouiller seules. Saraa gère donc, en plus de son travail pour la ville et de sa guest house, une association de femmes. Elles se réunissent régulièrement pour s’entraider. Elles ont mis en place un système de banque alternative où elles se prêtent de l’argent pour, par exemple, acheter un congélateur et pouvoir développer un commerce de confiture avec les baies cueillies. Chez Saraa, il y a une salle commune avec une porte qui donne sur la rue. Cette porte est tout le temps ouverte et les gens entrent et sortent. Il y a notamment une femme sans logement avec ses 2 petites filles que Saraa tente d’aider. Il y a à manger, à boire pour qui veut. Alors oui, elle a besoin d’aide. Elle rêve de construire un centre où l’on pourrait se soigner, lire avec une grande bibliothèque, apprendre et donner de l’avenir aux enfants, faire de la pédagogie pour une ville propre. Ici, tous les détritus sont brulés, si toutefois ils arrivent jusqu’à une poubelle. Mathieu s’est impliqué dans un projet de construction d’une serre où le verre est remplacé par des bouteilles plastiques recyclées. Moi j’enseigne l’anglais aux enfants le matin. Pas facile lorsque qu’il n’y a aucune langue commune et que les niveaux sont très disparates. Entre les enfants, tous les voyageurs de toutes les nationalités, et les locaux, c’est ici une maison pleine de vie.

Nous aimerions en faire davantage, mais malheureusement, nous dépendons de Saraa qui est énormément sollicitée. C’est aussi facile de voir des solutions par exemple dans les questions environnementales avec nos yeux d’européens. Nous avons de l’ancienneté en la matière : ils ne polluaient encore pas que nous cherchions à peine des solutions à nos problèmes ! Mais bon, même si ça fait mal au cœur de voir des montagnes de déchets non valorisés, c’est bien à eux de s’emparer de la question.

Petite balade au « marché noir ». Ce marché est immense et on peut trouver de tout. Comment on y va ? Remonte la route tout droit, à un moment vous verrez les peaux de mouton et une atmosphère effervescente, c’est là. Effectivement, Après 20 min de marche dans la poussière, nous trouvons des tas de peaux de moutons à vendre sur le bord de la route. Puis les camionnettes avec à l’arrière en plein soleil des moutons encore vivants qui attendent leur tour. Nous entrons ensuite dans le marché avec des odeurs de viande qu’on ne souhaiterait pas retrouver chez notre boucher en France. Mathieu, après quelques « désordres internes », a décidé de ne plus manger de mouton, voir même peut-être de devenir végétarien ! Pas évident de manger autre chose que du mouton… Sinon, des étals de confitures de cassis (c’est la saison), très peu de légumes (carottes, oignons, choux, pommes-de-terres principalement) et de fruits, de la viande, et puis du bazar en tout genre : vêtements, outils, produits ménagers, épicerie…

Ce soir, en faisant notre balade au soleil couchant, nous nous sommes fait alpaguer par des hommes en costumes nomades qui se reposaient à l’ombre de leur moto. Bien sûr, on ne se comprend pas. Nous nous asseyons avec eux. Ils nous offrent de leur vodka. Nous tentons d’échanger à l’aide de notre petit dictionnaire universel Gépalémo. Ce n’est pas très concluant, mais ça a le mérite de créer un lien. Encore un verre de vodka. Je décline, Mathieu accepte. Séance photo avec l’un d’entre eux sur sa moto. Ils sont ravis. Un troisième verre de vodka. Ils en mettent sur le doigt et en envoient en l’air avec une pichenette. Superstition. Il n’y a plus de vodka. 2 vont en rechercher au magasin en moto. Un quatrième verre. L’un d’entre eux montre les poils aux jambes et sur le torse de Mathieu, curieux pour eux qui sont imberbes. Un cinquième verre. Il est temps de partir. Mathieu a chaud. C’est une situation plutôt drôle pour nous car exceptionnelle. N’empêche que l’alcoolisme est un sacré fléau. Nous recroisons quelques minutes plus tard 2 des 4 gars partis acheter une troisième bouteille…

Dans quelques jours, nous devrions louer une moto pour aller passer un peu de temps se ressourcer autour du lac loin de la poussière (Il fait très chaud ici, 30° minimum la journée). 2 canadiens, qui sont partis hier, ont carrément acheté une moto, une petite mustang comme ils ont tous ici, pour 450€ presque neuve ! C’en est presque tentant. Ils la revendront avant de passer la frontière chinoise. Nous irons simplement autour du lac pour goûter la fraicheur de la Taïga.

A suivre !

Au fait, nous avons bien eu nos 60 jours de visas pour la Chine !