Ohlàlà, que cette semaine est passée vite ! Il y a une semaine, nous disions au revoir aux canadiens qui partaient avec leur moto et aujourd’hui, nous sommes arrivés à Khatgal avec cette même moto !

Cette semaine a été rythmée par l’arrivée des enfants tous les matins, les violents orages, les arrivées et les départs des volontaires et autres voyageurs, les repas cuisinés dans la salle commune, les différents projets… J’ai eu du mal à trouver ma place dans ce joyeux bordel au début. Mais après quelques jours, j’ai commencé à me sentir comme chez moi. Les cours d’anglais avec les enfants, avec un peu de préparation, trouver les jeux pour apprendre en s’amusant, sont devenus un plaisir. Florian, un polonais, nous a rejoint et fait les cours avec moi. C’est plus sympa à deux et nous sommes bien complémentaires. Nous rions bien ! Jusqu’à présent, les mongols que nous rencontrons sont tous adorables. A chaque fois que nous sortons dans la rue, nous entendons des « hello », et recevons des signes de têtes amicaux. En balade dans la montagne aux alentours de Mörön, je rencontre une bergère avec son troupeau de chèvres et moutons. La barrière de la langue nous amène simplement à nous asseoir sur la crète de la montagne un instant en échangeant l’une l’autre quelques mots que nous ne comprenons pas. Puis elle doit repartir. Le troupeau s’est éparpillé de part et d’autre. Elle monte et descend le flanc de montagne, crie et jette des pierres pour diriger les bêtes dans la bonne direction. Il faut avoir de la voix et de bons mollets ! En redescendant, je croise deux hommes en train d’essayer de démarrer une vieille camionnette bleue avec les fils sous le volant. La yourte de l’un des deux est à 200m. Il parle russe. Nous échangeons quelques mots. Il transporte de l’eau jusqu’à chez lui. L’eau est une question vitale ici. Il n’y a pas l’eau courante. D’ailleurs chez Saraa, tous les jours, l’un d’entre nous va chercher de l’eau au puit qui se trouve dans la rue. C’est très peu cher, c’est sûr. Mais le fait d’aller soi-même chercher l’eau fait sérieusement réfléchir à son utilisation finale ! Sur le chemin du retour vers Mörön, j’entends la camionnette bleue qui a fini par démarrer se rapprocher. Ils s’arrêtent et m’invitent à monter. Ils veulent que je les prenne en photo. Ça les fait bien rire. Ils semblent tous les deux bien abîmés, le visage bruni et ridé, les dents irrégulières ou inexistantes. Le conducteur me dit pourtant qu’il n’a que 55 ans. Ils me déposent à la seule église de Mörön non loin de chez Saraa et me saluent avec de grands sourires. Ils sont vraiment chaleureux les Mongols !

Hier était notre jour de départ. Nous avons loué une moto pour une semaine. Nous avons donc eu la surprise de retrouver la mustang bleue des canadiens qui a été revendue à un ami de Saraa la veille. C’est apparemment une bonne moto. Mathieu est rassuré. Ces derniers jours, d’autres motos ont été louées à d’autres français et il leur a fallu 3 départs : une erreur de carburant de la part du pompiste et une panne sèche à quelques kilomètres de Mörön. Le 3ème leur a permis d’atteindre le lac en une fois. Nous partions donc fièrement hier sur notre belle moto. Escale à un petit lac à mi-chemin. De superbes couleurs rosées et une odeur… pestilentielle. Voilà pourquoi ce lac est désert ! En retournant sur la route principale, nous nous apercevons que non pas une, mais nos deux roues sont crevées !

En attendant qu’on vienne nous dépanner, nous dégustons dans une yourte-snack sur le bord de la route au milieu de nulle part un peu de thé au lait et de khouchours. C’est la seule chose qui peut être commandée ici. Des légumes ? non. La question a même l’air de les surprendre. Les khouchours, c’est le plat universel ici. Une sorte de galette-beignet fourrée avec du mouton et un peu d’oignon. Mathieu, comment tu pourrais décrire les khouchours ? « du gras, du gras et du gras. Et pas un peu de gras accrochés à de la viande. Des carrés de gras pour moitié au moins ! ». Mathieu tente désespérément de séparer le gras de la viande. Et comme c’est un homme, il a eu le droit d’en avoir 3 !

Retour à Mörön en voiture avec le mécanicien. Il commence à être tard, nous nous posons dans le pub-resto du coin pour commander… du poulet et des crudités. Toujours dans l’idée d’expérimenter la vie locale, j’accepte de manger les spécialités à base de mouton, plutôt bonnes finalement hormis le gras. Mais à chaque repas, c’est un peu too much parfois. Dans ce pub, c’est samedi soir, c’est karaoké. Les mongols, comme beaucoup d’asiatiques, raffolent de karaoké. Ils sont même très bien équipés avec des salons de karaoké privés en plus de la salle principale. Un groupe de 3 jeunes femmes rivalise avec un jeune en casquette tout seul à sa table. Chacun leur tour, ils choisissent une chanson et le micro passe de table en table. « Tout mongol doit être capable de chanter ». Ça m’a tout l’air d’être une technique de drague en Mongolie.

Vers 22h, Saraa vient frapper à notre porte. Le mécanicien a réparé et nous a ramené la moto.

Le second départ de ce matin était le bon. Un superbe soleil, un lac d’un bleu magnifique. Il n’y a plus qu’à espérer que le temps se maintienne. Ici il fait déjà bien plus froid (cette région fait encore partie de la Sibérie) et les jours précédents ont été très largement arrosés. Plus haut, vers l’ouest, là où vivent les éleveurs de rennes, il neige, voir même gèle…