Nous voilà à Oulan-Bator, cette capitale polluée qui compte la moitié de sa population nationale. Oulan Bator ne ressemble pas à une capitale selon Mathieu. Cette ville s’organise le long de la Peace Avenue qui s’étend sur plusieurs kilomètres. Des buildings béants qui paraissent inachevés côtoient des buildings en verre modernes, des blocs semblables aux blocs soviétiques et des bâtiments d’un seul niveau pignon sur rue pour les petites boutiques ou resto. J’ai l’impression que si je voulais enregistrer l’ambiance sonore de la ville, où que je sois, on entendrait des marteaux-piqueurs, des camions, des grues ou autres gros engins. C’est une ville en construction avec de curieux paradoxes : des banlieues tranquilles de yourtes et petites cabanes aux toits de tôles colorées et un centre-ville en ébullition avec des centre-commerciaux et des immenses panneaux publicitaires en vidéo. Oulan-Bator veut ressembler à une occidentale. Mais la pollution, due à la circulation dense de 4x4, de bus et de camions d’un autre âge fumant noir à chaque démarrage, nous donne plutôt envie de la fuir.

3 jours déjà que nous sommes bloqués à Oulan-Bator. Arrivés dimanche soir, échanges de tuyaux avec un autre voyageur : on peut se faire délivrer ici des visas pour la Chine. Nous passons la soirée à réunir tous les documents nécessaires (réservations d’hôtel pour un itinéraire fictif, relevés de banque, formulaires…) et nous nous dirigeons dès le lundi matin à l’ambassade de Chine. Nous avons envie de nous débarrasser des contraintes administratives de visas pour pouvoir ensuite partir découvrir la vraie Mongolie, celle des steppes et des nomades. Passage dans un « airmarket » sur le chemin : une agence de réservation de vols tout ce qu’il y a de plus classique, mais qui nous délivre gratuitement des justificatifs d’achat de billets d’avion pour un supposé vol en Chine. Incroyable mais vrai, tout le monde fait ça ici. 30$/personne plus tard, nous voilà dans l’attente de notre visa chinois jusque vendredi après-midi… Suspense.

Nous sommes sortis des sentiers battus pour arriver à Oulan-Bator. Combine de voyageurs : au lieu de prendre le transmongolien d’Irkoutsk à Oulan-Bator, nous allons faire plusieurs étapes. D’abord un train de nuit russe jusqu’à la frontière russe, puis en stop pour traverser la frontière, puis enfin train de nuit mongol jusqu’à la capitale. Expérience en dehors des sentiers battus qui nous a valu notamment notre première expérience d’autostop : un succès, un bouriate charmant et très sympa qui nous a emmené juste là où on avait besoin. Ça me plait bien de sortir des sentiers battus.

En attendant nos visas, repos, glandouille, administratif, prises de renseignements pour la suite du voyage, balade sans grand intérêt dans la ville. Dans le petit hôtel où nous sommes, quasiment tous les voyageurs sont dans notre cas, ils attendent ou planifient la suite. Beaucoup partent pour plusieurs jours d’excursions organisées dans le désert de Gobi notamment. Apparemment, c’est juste impossible de se déplacer dans ce genre d’endroit sans un guide/chauffeur avec 4x4. Et pour faire baisser les coûts par personne, les étrangers se regroupent pour partir à 5 ou 6. Les transports en commun desservent uniquement les « villes-capitales » de chaque région. Pour le reste, c’est le néant. Et si l’idée nous traversait l’esprit de vouloir partir en voiture, il faut tout de même savoir qu’il y a rarement des routes, au mieux les pistes cabossées laissées par les voitures précédentes. Il vaut donc mieux avoir des bases en mécanique et un bon équipement. Chaque excursion organisée coûte donc plutôt chère entre le chauffeur, le guide, l’équipement, la voiture… et est très éloignée du type de voyage que j’aime. J’aime découvrir des lieux par moi-même à travers des rencontres et en expérimentant le quotidien des gens. Un voyageur aguerri qui s’est résolu à partir en excursion en groupe tente de me convaincre : « ça vaut vraiment le coup. Ce sont des paysages que tu ne verras nulle part ailleurs et que tu ne pourras pas découvrir par toi-même. » Mouais. Je me dis que finalement, cette organisation exclusive par des tour operator locaux n’est pas plus mal. Cette difficulté d’accès retarde le développement touristique (et ses nombreux mauvais côtés) dans ces zones reculées. Ces paysages exceptionnels n’ont de toute façon pas besoin de nous. Mathieu pourrait se laisser tenter. Moi, ça m’est égal de ne pas « voir » le désert de Gobi. Nous allons prendre un de ces bus de nuit vendredi soir pour Mörön dans le nord-ouest du pays, direction les lacs et le pays de la taïga et des éleveurs de rennes, et nous allons rencontrer Saraa qui va nous héberger.

Il nous reste donc à organiser deux-trois choses avant de partir, et notamment un deuxième passage chez le dentiste pour Mathieu !

A suivre !