Whaou ! Les journées s’enchaînent dans un tourbillon de rencontres, de sourires et de gentillesse. Les papous, qui ont une vision de la famille bien plus large que la nôtre sont tous prêts à nous adopter, à nous aider à acquérir la nationalité papoue, à aller couper quelques arbres pour nous construire une maison. Tellement de gentillesse, ça donne le vertige.

Le trajet Aitape – Wewak en 4x4 est épique. Quand on dit qu’il n’y a pas de route en PNG, c’est bien vrai ! A côté de ce pays, la Mongolie, c’était de la rigolade ! Nous traversons des dizaines de rivières, certaines très denses. D’autres fois, les passagers doivent traverser la rivière à pieds. Nous avons de la chance, il n’a pas trop plu ces derniers jours. Le terrain reste très accidenté. Ça secoue sévère. Le conducteur mâche ses noix de bétel et crache des jets de salive rouge par la fenêtre. Parfois, il lui arrive de transporter un mort au milieu des autres passagers, pour qu’il soit enterré sur ses terres. Nous traversons plusieurs villages sur le trajet de la « highway ». Le conducteur salue tout le monde. Chaque village est « sponsorisé » par une église. C’est souvent cette église qui prend en charge l’école, l’état ayant plus ou moins « démissionné » pour administrer l’école publique dans les coins les plus reculés du pays. C’est le week-end de Pâques. Notre voiture est arrêtée à plusieurs reprises à cause de processions religieuses. Jusqu’à une centaine de personnes marchent en chantant et en priant en suivant le porteur de la croix. Quelle ferveur !

Après 4h de pistes boueuses dans la jungle, nous arrivons à Wewak. J’appelle le contact que nous avait donné Gregory, Micha. De toute façon, le conducteur ne nous déposerait jamais nulle part sans contact sur place. De manière générale, tous les papous voudront toujours nous escorter où que nous allions. Ils considèrent que c’est dangereux pour nous à cause des « street boys ». Au final, à aucun moment nous ressentons du danger tellement nous sommes surprotégés. Tout au plus, nous croisons quelques hommes saouls, mais rien de bien méchant.

Je passe le téléphone au conducteur. Il s’arrange pour qu’on se retrouve. Micha est un bonhomme barbu tout sourire avec des vêtements un peu dépouillés. Il se débrouille pour retaper des bagnoles et conduit parfois des passagers à Aitape. Nous le croisons sur le bord de la route (sa voiture a un problème mécanique) avec sa femme Barbara. Au début, il nous parle de guesthouse. Nous lui expliquons que nous n’avons pas ce budget et préférons planter notre tente quelque part. Après quelques secondes d’hésitation, il nous invite chez lui. L’hésitation vient simplement du fait qu’il pense que sa maison et son mode de vie ne répond pas à nos standards de blancs. Nous montons avec Barbara et Lesstar, leur jeune fils, dans un bus pour leur petit village de Yarapi. Micha nous rejoindra plus tard. Lesstar est tout excité, il a appris notre sms par cœur. L’effervescence dans le village est palpable. Tout le monde vient voir les deux blancs, une première ici. Barbara raconte avec beaucoup de fierté comment des amis de France sont venus passer le week-end de Pâques avec eux. Elle nous aménage un coin chambre dans sa maison. Nous nous retrouvons très vite à serrer des mains à tout le village (ici, le geste de serrer la main est très important, c’est un honneur pour eux, et omettre quelqu’un peut être vu comme une offense). Puis après, nous nous retrouvons assis en face d’une ribambelle d’enfants curieux et intimidés. Pour décontracter l’atmosphère, nous sortons notre petit jeu de dominos. Les enfants les plus vieux expliquent aux plus jeunes qui ne parlent pas encore anglais. Ce qui est génial pour nous en PNG, c’est que l’école est en anglais, ce qui nous permet de communiquer facilement, même avec les jeunes ados.

Micha et Barbara ont 5 enfants : Lisa, Meislyn et Francisca pour les 3 grandes, et Lesstar pour le garçon. La dernière fille n’habite pas ici. Le couple a pris la décision de donner leur dernière au frère de Micha qui ne pouvait pas avoir d’enfant, un désastre pour une famille papoue. Quelle générosité de la part de ce couple !

Barbara est l’extravertie dans cette famille. Elle n’a pas sa langue dans sa poche. Très rapidement, elle nous dit que nous pouvons rester aussi longtemps que nous le souhaitons. Nous y resterons 4 jours pour notre plus grand plaisir. Le lendemain de notre arrivée, comme nous sommes quasiment arrivés les mains vides, nous tenons à aller à Wewak pour acheter des provisions pour les jours à venir pour la famille. Dans un pays où on gère la nourriture au jour le jour et où de nombreux produits coûtent très chers, offrir du riz, des fruits, du pain ou tout autre produit de première nécessité est toujours très apprécié. Barbara et Lisa nous emmènent donc fièrement à Wewak. Cette ville est tout sauf agréable : une grande place sale qui sert de terminus de bus, quelques supermarchés qui ressemblent à des prisons tenues par des asiatiques et des gardes menaçants, et un marché couvert. Barbara et Lisa nous escortent tels de vrais garde du corps, l’une devant, l’autre derrière nous. Il nous faut insister lourdement ne serait-ce que pour porter un sac. On dirait qu’ils pensent que nous n’en sommes pas capables. Qu’imaginent-ils du quotidien d’un blanc ? Que nous avons en permanence un serviteur avec nous ? Déjà à Tumleo, lorsque je fais la vaisselle, tout le monde m’observe, très curieux. Ils n’ont jamais vu un blanc faire la vaisselle… Pourquoi pensent-ils que nous sommes si différents ? Chez Barbara et Micha, lorsque nous nous décidons avec Mathieu pour faire la vaisselle, nous devenons une vraie attraction. Tous les voisins viennent voir, amusés. On nous prend même en photo !

En ce week-end de Pâques, l’église tourne à plein régime avec des messes qui commencent à 5h du matin en chansons. A une messe du soir, nous allons jeter un œil. Un pasteur local raconte les histoires de la Bible. Il est comme habité. Barbara et Micha ne sont pas très pratiquants, mais les enfants vont à l’église. Enfin, notre présence les retient un peu plus à la maison. Mathieu apprend à jouer au jeu de cartes BOM, le jeu traditionnel qui se joue avec un petit peu d’argent au marché du bord de la route. Là-bas, les quelques stands proposent des donuts ou gâteaux à la coco, des légumes verts, des noix de bétel bien sûr, et des tins de poisson et des nouilles instantanées. Cette expérience dans cette nouvelle famille confirme la tendance culinaire. Ils utilisent très peu d’épices et d’herbes aromatiques dans leur cuisine. La priorité est déjà de remplir son assiette de quelque chose de consistant. Pour le goût, secondaire, les conserves et les nouilles avec leurs petits sachets de poudre font l’affaire. Le matin, nous mangeons souvent des galettes de farines et des bananes frites. Il s’agit d’une sorte de banane très peu sucrée qu’ils cuisinent avant maturité. Une fois cuite, nous avons presque l’impression de manger de la pomme de terre. Le déjeuner passe le plus souvent à la trappe au profit de fruits. Nous redécouvrons la papaye que nous n’aimions pas trop. Arrosée d’un jus de citron, ce fruit devient un délice. Nous découvrons aussi une noix qu’ils appellent « gallip ». A l’intérieur de l’épaisse enveloppe molletonnée fuchsia, une noix blanche plus allongée qu’une amande. Le soir, ou plutôt en fin d’après-midi avant qu’il ne fasse nuit, tout le monde a droit à une énorme portion de riz ou de sagou avec un peu de légumes.

Tout au long de notre séjour, des cadeaux sous forme de fruits (noix de coco, papayes, bananes, mandarines, gallip) arrivent de la part du voisinage, tous de la même grande famille. Ironie du sort pour des végétariens, une tante nous offre un poulet la veille de notre départ. Nous nous en rendons compte en apercevant toute la famille partir à la chasse au poulet dans le village.

Un jour, je sors mes ficelles pour montrer aux filles comment faire des bracelets en macramé. Je me retrouve très rapidement submergée par des dizaines de gamins à qui j’apprends à faire les fameux bracelets. Victime de mon succès, tous ces gamins curieux et en recherche d’interactions me vident toute mon énergie en une après-midi. Pfffiouuu ! Le dimanche, Micha prévoit une sortie à la plage. Tous les gamins sont excités et préparent leur jeu favori sur le sable, le « tin game ». Apparemment, ce jeu se joue avec une tour de conserves et une balle qu’ils fabriquent en tressant des feuilles. Une équipe est chargée de faire écrouler la tour tandis que l’autre doit la défendre. Apparemment, car la sortie plage n’aura finalement pas lieu. Micha n’arrive pas à réparer son vieux pick-up malgré tout le mal qu’il se donne.

Un autre jour, nous allons chez le père de Barbara, à quelques kilomètres du village. Il va se marier à sa 4ème femme et il sollicite ses 16 enfants pour l’aider à payer la dot. En PNG, la polygamie est assez courante tout en restant officiellement illégale. Un petit arrangement local avec la religion dans ce pays qui se dit chrétien. En théorie, la première femme doit pouvoir dire oui ou non aux autres femmes. En théorie. Pendant notre séjour, Naomi, une sœur de Barbara, vient habiter avec sa petite fille dans la famille. Son premier enfant est né il y a quelques mois et déjà son mari veut acheter une seconde épouse. Sans doute a-t-il beaucoup d’argent. Naomi a dit non, mais son mari va quand-même prendre une seconde femme. C’est la raison pour laquelle elle est partie. Une réalité un peu différente de la théorie. Dans la conversation, Barbara la rebelle fustige Gregory chez qui nous avions séjourné à Vanimo. Elle ne l’aime pas. Apparemment, il a une femme dans chaque ville où il a travaillé. Femme qu’il abandonne ensuite avec des enfants. La plupart du temps, les couples ici ne se marient pas officiellement selon la loi. Les hommes comme Gregory n’ont donc pas d’obligations légales à soutenir financièrement leurs femmes. Facile.

Mathieu veut se faire couper les cheveux. C’est son petit rituel dans chaque pays. Pas de problème, il y a un jeune dans le village qui a l’habitude de le faire, il a une tondeuse. Il viendra le lendemain, le temps de charger la batterie sur l’unique panneau solaire du village. Le lendemain, le jeune apprenti « coiffeur » arrive fièrement avec une tondeuse sans sabot et une énorme batterie de voiture. Son ami « électricien » bricole quelques fils dénudés qui relient la batterie à la tondeuse. Le jeune coiffeur est stressé. Il veut bien faire et n’a jamais coupé les cheveux d’un blanc. Il dira à la fin que c’est bien plus compliqué que de couper les cheveux crépus ! Un attroupement se forme petit à petit autour de Mathieu. Le jeune y va lentement, il s’applique. La tondeuse chauffe dangereusement à cause de la batterie inadaptée, il faut faire des pauses. Tout le monde y va de son conseil. Barbara dégote un grand miroir qu’elle place devant Mathieu, pour faire comme les pros ! Il commence à pleuvoir. Le coiffeur est imperturbable. La séance se termine les pieds dans la boue avec quelques photos souvenirs. C’est sûr, le coiffeur s’en rappellera !

Avant de partir, nous lavons notre linge à la rivière. Ici, pas d’eau courante bien sûr. L’eau qu’ils utilisent au quotidien provient soit de cette rivière, soit de trous d’eau. Pas de puit non plus. Le trou d’eau destiné à la douche ou à la vaisselle est un peu boueux. Celui destiné à l’eau potable est légèrement plus clair. Pas étonnant, avec cette présence d’eau dormante partout, que nous soyons envahis de moustiques. Nous sommes dévorés en dehors de la moustiquaire et les répulsifs restent peu efficaces. Je vais trainer un petit moment de nombreuses plaies dues aux piqûres de moustiques qui se sont infectées. Climat tropical !

Après Wewak, nous voulons aller à Madang pour ensuite rejoindre Goroka par la route. Nous voulons voir comment est la vie à l’intérieur des terres. Visiblement, c’est très compliqué d’aller à Madang. Micha questionne un voisin qui a l’habitude. Il y aurait 3 façons possibles (qui restent assez floues pour nous) mais certaines seraient soi-disant trop dangereuses à cause des « rascals », ces bandes organisées pour dépouiller les passagers. Ils sont très inquiets de nous laisser partir seuls. Finalement, Micha, par un contact au « port », nous réserve une place dans un banana boat. Celui-ci doit couvrir à peu près la moitié de la distance pour Madang, l’autre moitié pouvant être parcourue par la route. Nous parlons d’un total de 370 km à peu près.

Aux revoir touchants. Une tante vient nous offrir un « bilum », le sac traditionnel tricoté en laine, ou malheureusement aujourd’hui en matières synthétiques. Ce sac revêt généralement différents motifs selon la région. Les femmes plus âgées le portent derrière elle, l’anse sur la tête. Barbara et la famille nous offre également un autre sac-à-dos et nous accompagnent à la plage. Micha nous confie à Rosa, une autre passagère. Barbara est en larmes de nous voir partir. Leur immense générosité et leur joie de vivre malgré leurs très petits moyens me touchent énormément. Nous repartons aussi avec des lettres d’ados du village désireux de correspondre avec des français.

C’est à ce moment précis, où nous quittons Barbara et Micha et que nous nous éloignons de la côte, que nous nous engageons sans le savoir dans un périple assez invraisemblable de trois longues journées pour rejoindre Goroka. Déjà, nous sommes nombreux dans le bateau. Une 12aine de passagers, ça fait beaucoup. Et puis nous partons en début d’après-midi pour un si long trajet. C’était louche.

Plusieurs heures en plein soleil. Malgré les protections, chapeau, crème, vêtements pour couvrir la peau, ça chauffe sévère pour tous les passagers. Soudain, nous changeons de direction et accostons chaotiquement sur une plage au milieu de nulle part. On nous demande de descendre du bateau et celui-ci est déplacé un peu plus loin à l’abri des vagues. Puis nous voyons partir quelques passagers avec le bateau (et nos sacs !) sur un autre banc de sable. Plus de peur que de mal, le bateau dépose quelques passagers et est vite de retour. Mais nous sommes toujours en plein soleil et attendons apparemment que les vagues se calment un peu pour repartir. Au signal, nous remontons. Mais après plusieurs tentatives et douches salées, nous débarquons de nouveau. Encore un long moment d’attente, nous sommes en fin d’après-midi, le skipper vient prétexter un « safety first », la sécurité d’abord, pour nous annoncer que nous allons camper ici et repartir le lendemain matin.

 A ce stade, un peu déshydratés mais dans un endroit presque paradisiaque et avec l’argument de la sécurité, je me réjouis de vivre cette aventure papoue. Rien d’anormal en apparence pour les passagers. Nous remontons dans le bateau, non pas pour affronter les vagues, mais pour passer de l’autre côté de la plage. Celle-ci est en fait bordée par la mer d’un côté et par les marécages de l’autre. Conséquence de l’immense fleuve Sepik et de ses affluents. L’eau des marécages est calme. Tout autour, des mangroves. Il y a un tout petit village sur l’autre rive. Des personnes sont dans l’eau, à la pêche aux clams. Nous accostons à côté d’une cabane isolée sur la plage où vit une famille. Il s’avère qu’ils sont de la famille du skipper. L’oncle vient nous apporter une noix de coco fraiche en nous assurant qu’il y en a pour tous les passagers (ce qui se révèlera faux). La déshydratation nous a coupé l’appétit, nous allons nous coucher dans notre moustiquaire dans la cabane. Le skipper dine avec sa famille. Nous nous rendons compte plus tard que rien n’a été proposé aux autres passagers, ni boisson, ni nourriture. Le lendemain matin, nous nous préparons à l’aube. Le skipper prend son temps. Les vagues paraissent encore plus grosses. Finalement, c’est l’oncle du skipper qui nous fait traverser le mur de vagues avant de plonger pour rejoindre la plage à la nage. Le banana boat fait de sacrés bonds. Nous commençons sérieusement à douter des capacités du skipper et remarquons qu’il n’y a bien sûr pas de gilets de sauvetage. Les disparitions de banana boat en mer sont fréquentes. Nous ne sommes pas franchement rassurés.

Après quelques nouvelles heures de navigation et de frayeurs régulières, nous accostons de nouveau dans un village vraiment perdu, sans accès à la route. Des petites cabanes en bois sur l’eau avec la forêt derrière. Improbable, c’est ici que nous faisons le plein d’essence, enfin un bidon. Comment est-ce possible que nous ne soyons pas partis avec suffisamment d’essence ? Le skipper disparait encore en nous laissant sans communication. Il est parti manger quelques poissons grillés et en offre quelques morceaux aux passagers. Nous repartons enfin et affrontons une nouvelle fois le mur de vagues. Cette fois, c’est son « assistant » qui prend la barre. Il parait davantage capable. Après encore un bon bout de trajet bien remuant, nous sommes trempés, poisseux et assoiffés quand nous arrivons dans un gros village. Il s’agit de notre destination finale d’où nous sommes censés prendre un transport routier. Village paisible au milieu des mangroves et de la forêt. Les gens se déplacent en canoë, les femmes que nous croisons sont pour certaines le torse nu. Nous débarquons nos affaires et nous tournons vers Rosa pour savoir où nous allons ensuite. Elle est un peu perdue et très faible. Les autres passagers discutent avec quelques jeunes du village qui remplissent gentiment nos bouteilles d’eau à notre demande. Apparemment, plus de transport routier ici depuis que le pont voisin s’est écroulé il y a un ou deux mois. Il faut se rendre au village suivant par la mer. Nous nous retournons, le skipper a disparu. Son assistant Adam, qui ne connaissait pas davantage le skipper avant de partir, et désirant lui aussi rejoindre Madang, se propose avec deux autres jeunes du village de nous y emmener moyennant contribution pour payer l’essence. Les carburants coûtent très chers ici à cause de la difficulté d’accès.

A ce moment-là, nous ne sommes plus tellement ravis à l’idée de reprendre le bateau et nous demandons si nous allons être victime d’une nouvelle arnaque. Je suis stupéfaite du calme et de l’absence de contestation des passagers. Cela fait plus de 24h que nous sommes partis pour un trajet qui aurait dû nous prendre 5 à 7h, dans des conditions assez dures de chaleur, fatigue, inconfort et déshydratation, et les passagers subissent en silence. Ils ne demandent même pas un peu d’eau. C’est nous qui offrons de l’eau à Rosa qui semble-t-il se laisserait mourir de soif. Ils subissent. Moi, j’avais envie de chercher le skipper malhonnête pour qu’il nous rendre l’argent nécessaire pour aller jusqu’au bout.

Bref, nous reprenons une dernière fois la mer en nous disant que le banana boat, c’est terminé pour nous pour un moment. Autant notre premier trajet avec notre skipper de confiance Killie s’était très bien passé, autant celui-ci nous a mis la peur au ventre.

Ça y est, nous débarquons pour de bon et posons les pieds sur la terre ferme, du sable noir volcanique. Les quelques îles que nous voyons au loin fument encore d’éruptions récentes. Un campement d’urgence a été installé sur la côte un peu plus loin pour loger les habitants de ces îles. Ils attendent qu’on leur trouve des terres pour qu’ils puissent se réinstaller de manière pérenne. Ces îles viennent d’être déclarées inhabitables pour au moins 50 ans.

Derrière la plage, quelques stands de marché. Nous nous régalons de sagou et de poissons grillés et buvons de bonnes noix de coco fraîches pour nous remettre de nos (1ères) émotions. Nous apprenons que le transport PMV (private motorised vehicule) n’arrivera pas avant la nuit. Il est 15h… Nous saisissons toutefois l’opportunité d’aller nous laver dans la rivière non loin. Nous étions tellement poisseux !

Le PMV est en fait un camion et arrive vers 21h. Nous avons déjà eu le temps de nous faire dévorer par les moustiques. Heureusement que les gens sont tous très adorables. Après une partie de dominos, une dame du marché nous offre un bon plat de sagou, poisson frais et légumes au lait de coco. Miam ! Le camion doit d’abord être chargé de gros sacs de noix de bétel et de noix de coco. Nous voyageons toute la nuit assis sur ces sacs avec une bonne 20aine d’autres passagers sur une route cabossée. Aïe, aië aïe ! Au petit matin, le camion s’arrête. Panne d’essence. 2 heures d’attente avant de repartir. Le camion s’arrête à nouveau. La route est coupée car un pont s’est effondré il y a peu. Nous traversons la rivière à pieds sur un pont temporaire en bambou et reprenons un autre PMV de l’autre côté, cette fois-ci avec de vrais sièges, un confort inestimable ! Nous arrivons enfin à Madang avec Rosa, épuisés par une nuit sans sommeil dans ce camion.

Madang, tout comme Wewak, n’est pas réputée sûre. Rosa nous met tout de suite dans un bus pour Goroka. Le bus tourne frénétiquement entre la place du marché et le terminus pour trouver des passagers, les rabatteurs du bus criant la destination par la porte ouverte. Il faudra bien 2h pour le remplir. La compétition entre les bus est rude. Au moment de partir, le régisseur du bus veut nous faire payer un siège de plus pour nos sacs. Il s’est bien gardé de nous le dire avant. Bien essayé ! Nous partons donc dans un bus direction Goroka, assis sur nos sacs, en nous disant que ce long périple se termine enfin. Foutaise ! Nous sommes en PNG !

Goroka se trouve plus haut dans les terres et est supposée être desservie par une route, la Highway ! Ça grimpe, le bus en 1ère sur des routes… défoncées. Au bout d’une heure, nous nous arrêtons à un check point de quarantaine.