Le campement est bientôt complètement rangé et les dernières bûches terminent de se consumer. 2 nuits passées sur ce même campement. Et nous le quittons sous un ciel couvert, les sommets alentours invisibles dans les nuages. Les sons prennent une résonance différente sous la brume, comme étouffés. Je ne me sens pas en grande forme ce matin à cause d'un début de sinusite. Mais les exercices quotidiens que mène Kolia avant le petit-déjeuner aident à faire redémarrer la machine. Je suis aussi les recommandations d'Ilia. Je fais remonter dans mes narines un remède fait d'huile et d'ail. Ilia est le spécialiste des potions magiques. Je ne sais pas si ça marchera, mais ça ne coûte rien d'essayer. 
La journée d'hier s'est révélée très joyeuse et lumineuse. Nous sommes allés randonner dans les montagnes plus libres de nos mouvements allégés de nos gros sacs à dos. Nous traversons d'abord une couche épaisse de taïga qu'il faut remonter pour passer de l'autre côté d'une première petite montagne. Une autre nous attend, plus élevée où le vent règne en maître dans les hauteurs. Plus un seul arbre ici. Seulement un tapis moelleux et sec de plusieurs sortes de mousses blanches, grises, vertes pales. Encore d'autres plantes aux petites feuilles oranges. Parfois, une tâche de rouge vif. Le drapeau du Japon ? Et là, les contours de l'Allemagne ? Et toujours ces baies noires que Micha mange par poignées entières. Nous espérons pouvoir apercevoir les rennes par ici. De loin uniquement car ils peuvent être dangereux. Mais il faudrait pour cela garder le silence... Chose que notre joyeuse bande a bien du mal à garder ! C'est que l'endroit est magique. On a l'impression d'être sur une autre planète, la planète blanche. On se croirait presque comme les astronautes qui ont posé les pieds sur La lune. On continue notre ascension. Des rennes, nous ne verrons que les crottes, les empreintes et des bois, découverts par Ilia comme un précieux trophée. Séances photos et vidéos au soleil dans un environnement exceptionnel. Je garderai longtemps en mémoire ce moment simple où tout le monde en amoureux de la nature savoure la beauté lunaire du paysage et la trouvaille de ce joli trésor. 
Nous arrivons au sommet, 700m. Nous devons nous protéger du vent. On se partage une tablette de chocolat. On continue à monter sur celle-là un peu plus haut? Aller. Vue sur de nombreux lacs, la taïga épaisse, la baie de Kandalakcha et au loin la mer blanche. Barres de céréales et fruits secs. On laisse un petit mot dans une boîte enfouies sous les pierres au sommet où se trouvent déjà d'autres messages laissés par d'autres voyageurs. De par ma présence, Kolia s'amuse à nous décrire comme un groupe international !
On ne s'éternise pas car le vent gifle nos joues et il se fait tard. Nous prendrons déjeuner et dîner en un seul repas. Les corps sont fatigués mais heureux de cette journée et tout le monde rejoins sa tente après quelques courtes discussions qui tournent autour du sujet de l'Ukraine. Le ciel nous gratifie encore de quelques lueurs polaires. Quelle belle journée !