Ce matin, je me réveille dans des draps propres, température ambiante agréable, pas de moustique à l'horizon, des toilettes à proximité... Le réveil dans le train est un luxe **** comparé au confort rudimentaire du trek. Enfin, ce trek a aussi eu une bonne part de petits plaisirs. La kacha du matin (une bouillie de céréales qu'on peut agrémenter de plein de façons différentes : du lait concentré, des raisins secs, du fromage...), la chaleur du feu, les sons de la nature, l'immensité de la voûte céleste toujours à portée de vue... Cpacibacpacibacpaciba, nous remercions ce dernier lieu de campement comme à chaque fois et quittons ce superbe lac sous littéralement 3 gouttes de pluie. Les seules que nous aurons eu durant tout ce trek. C'est assez invraisemblable d'ailleurs compte tenu de la saison et des prévisions météorologiques qui nous auraient déconseillées de partir à la chasse. Serioja pense que nous avons un bon carma. En route.
Nous avons à peu près 10 km de marche à faire pour rejoindre l'arrêt de bus qui nous ramènera à la civilisation. 10 km de marche sur des larges chemins droits traversant la taïga. Facile. Les discussions animées vont bon train, ça sent le happy end. J'entends un bruit dans la forêt. On écoute. Un ours ou un renne, on ne le saura jamais. Il faudra se créer d'autres opportunités de voyages, de treks et d'aventures pour peut-être apercevoir un jour en vrai ces animaux du grand nord. Pour l'heure, nous laissons la forêt derrière nous, derrière la carrière. Quelques blocs d'immeubles soviétiques, un chien qui aboie debout sur le toit d'une Lada, d'autres vieilles voitures et vieux 4x4, deux enfants aux lèvres bleues de myrtilles et leur chien au bout d'une laisse qui vient chercher les caresses. Un Husky avec un œil bleu et un œil marron, qui nous rappelle à quel point l'endroit dans lequel on se trouve est si particulier. Nous voilà à l'arrêt de bus (on peut aller en bus dans les endroits les plus reculés de Russie!). Chacun reprend ses affaires. Échanges de contacts. Je repars avec Serioja et Kolia à Kandalakcha avec le prochain bus. Olia, Micha et Ilia iront dans une autre direction. Le bus arrive. On se serre dans les bras. On rit. C'est toujours fort les adieux en voyage. 
Nous arrivons à Kandalakcha dans l'après-midi et nous reprenons le train bien plus tard dans la nuit. Ça nous laisse pas mal de temps de libre. La journée précédente, j'avais émis le souhait de tester un vrai bania russe. Mes compagnons avaient ri : "tu tiens vraiment à te confronter au choc des cultures !" Ilia avait demandé conseil à des pêcheurs du coins pour trouver un bon bania russe à Kandalakcha. Le bania est une sorte de sauna. Mais comme la datcha, sa description matérielle ne suffit pas à comprendre tout le sens culturel qu'il y a derrière. Les meilleurs banias sont ceux que l'on retrouve dans les datchas, privés. Mais il y a aussi des banias collectifs. A l'origine, c'est d'abord un lieu où on se lave, un peu comme les bains municipaux. Mais c'est surtout un lieu où les hommes et les femmes se retrouvent chacun de leur côté pour un temps d'échange social important. 
C'est décidé, on appelle un taxi et on va au bania. Après 5 jours à vivre dans la forêt avec les odeurs de fumée, un peu de savon et des vêtements propres nous feront le plus grand bien ! Côté femmes, le bania est composé de 3 espaces : un espace pour se changer et se reposer, une salle d'eau et la salle de sauna. Le principe est simple : on transpire dans le sauna, on se fouette énergiquement avec des branches séchées, on sort du sauna, on se renverse sur soi une bassine d'eau froide, on se lave, on se repose 5-10 minutes en buvant un thé, et on recommence. Certaines ajoutent des étapes masques et gommages du corps. Les femmes viennent seules ou entre copines ou avec leur fille. Ça papote et ça rigole doucement dans ce lieu dédié au bien être. Apaisant et vivifiant en même temps. A la russe quoi... Mon corps me remercie pour ces bons traitements... On fait la fermeture du bania. Serioja revit avec un sourire jusqu'aux oreilles. Retour à la gare. Le train de Kolia arrive. Il retourne chez lui à Moscou. Il doit réaliser un petit film pour valider son diplôme et après, il cherchera du travail auprès d'un réalisateur, peut-être à Berlin. On se serre dans les bras bien sûr. Comme c'est génial les rencontres de voyages ! 
1h du matin. Notre train à Serioja et moi arrive direction Saint-Petersbourg. Il y passera quelques jours chez un ami avant de reprendre le transsibérien pour rentrer chez lui à Ekaterinbourg. Nous sommes chacun à un bout du train. On se serre dans les bras sur le quai. Chacun son destin...
Tous les passagers qui sont déjà montés dans le train depuis Mourmansk sont déjà tombés dans les bras de Morphée. Je fais mon lit et m'endors avant même que le train ne quitte Kandalakcha.