En deux jours, j'enchaîne et cumule les heures dans les transports. Pas moins de 23h de train hier pour parcourir le trajet Kandalakcha - St-Petersbourg, à un rythme régulier cadencé par des coups de frein aux arrêts en gare et des secousses qui font trembler la machine à chaque redémarrage. Je ne sais pas pourquoi j'aime autant ces trains russes. On y dort bien bercé par les rails. Et puis quand on s'installe dans un train russe, c'est généralement pour y passer quelques heures. Quelques heures où le temps s'arrête, où la seule chose à faire est de laisser filer le temps, au rythme du train. Prendre le temps d'apprécier la valeur du temps. Voilà ce que permettent les longs trajets ferroviaires russe. 
23h passent vite dans un train. J'ai du sommeil à récupérer, et besoin de me reposer. Le wagon est à peine à moitié rempli, peu de passagers avec qui discuter. Tant mieux, cela me permet de prendre du temps pour moi. Quand j'y repense, ce trek qui s'est présenté à l'improviste, j'aurai pas pu l'imaginer... 
Il y a un mot qui résonne comme un leitmotiv : confiance.
Le train fait une halte un peu plus longue en gare de Petrozavodsk. Je dois y récupérer mon deuxième sac à dos laissé avant mon trek chez Irina, la maman de Nikita. Jusqu'à la veille encore, je ne sais pas quel arrangement Nikita a trouvé pour que je le récupère. Ça ne m'inquiète pas du tout. Je connais Nikita depuis quelques jours seulement et pourtant je lui fais entièrement confiance. Je sais qu'il passe le week-end à Moscou. De là, il m'envoie un sms pour me confirmer que son ami Vlad viendra me l'apporter sur le quai. Le train arrive à Petrozavodsk un peu en avance. Je vais m'acheter de quoi manger et reviens sur le quai devant mon wagon. Personne. J'attends en profitant des rayons du soleil. Je reste sereine. Quelques minutes avant le départ, Vlad arrive en vélo sur le quai avec mon sac. Je le reconnais, il joue dans le groupe de Nikita. Nous échangeons quelques paroles. C'est aussi quelqu'un de confiance, ça se sent. 
On pourrait dire qu'avec de la confiance, on s'épargne quand même un paquet de soucis et d'inquiétudes superflus. La confiance ouvre des portes, crée des opportunités. C'est vrai, j'ai quand même fait confiance à une personne, rencontrée seulement quelques jours plus tôt par l'intermédiaire d'un site internet, pour m'envoyer faire un trekking, avec un de ses amis que je n'avais jamais vu, au cœur de la nature sauvage pendant 5 jours. C'est génial ! 
A bien y réfléchir, il me semble que la confiance en les autres naît d'abord de l'acceptation de sa propre vulnérabilité et de la nécessité de s'en remettre aux autres justement. Et quand cette vision est partagée entre plusieurs personnes, ça crée la confiance réciproque, puissante, qui donne des ailes, ouvre le champs des possibles. Pas besoin de connaitre une personne dans les moindres détails pour savoir si on peut lui faire confiance, souvent ça se sent immédiatement, ça ne s'explique pas. 
Arrivée à Saint-Petersbourg à plus de 22h.
Je me rends en métro chez les parents de Natalya qui m'attendent et m'accueillent avec quelques mots en français, le sourire et une tasse de thé. Je leur montre les photos de mon trek. Nous bavardons de tout et de rien pour le plaisir de l'échange. Je vois bien que ça leur fait très plaisir de me recevoir, même aussi tardivement.
La nuit sera courte. 
Aujourd'hui c'est dans les airs que je voyage. 
Je crois que je commence à vraiment prendre goût à ce genre d'aventure. Ce n'est plus tant le besoin de me connaitre qui me pousse vers l'avant mais bien l'envie de découvrir le reste du monde, d'échanger et de partager du bonheur. Et le monde est vaste... Et commence au coin de la rue... Qui sait où se dérouleront mes prochaines aventures...