Aujourd'hui, journée calme dédiée au repos et aux préparatifs des prochains jours.

Après une petite grasse matinée dont j'avais bien besoin, j'ai le plaisir de prendre mon petit-déjeuner avec Nikita : du thé, de la kacha (sorte de porridge) à laquelle il ajoute des fruits rouges de sa datcha (mais lui la préfère salée) et une tartine de crème et ciboulette. Un régal ! 

Puis nous nous mettons à discuter et lui de me dire qu'il a un ami qui organise des treks... Et, tiens, il en organise un du 1er au 5 septembre dans la péninsule de Kola au bord de la mer blanche... Ça t'intéresse? Un peu que ça m'intéresse ! 
Bon, sauf que j'avais pas forcément anticipé que j'allais faire un trek et que fin août au-delà du cercle polaire, l'automne a déjà sérieusement commencé... Disons qu'une partie de mes affaires emportées avec moi ne me serviront pas à grand chose...
Bon aller, aujourd'hui c'est logistique puisque donc pour les prochains jours, la destination change et le contenu de mon programme évolue !

C'est aussi repos, et je passe un peu de temps à flâner au bord du lac. La saison touristique se termine. Seules quelques familles russes se promènent sur le quai. Le ciel est couvert et il y a quelque chose de maussade dans l'air. L'atmosphère est quelque peu étrange. Le silence pesant n'est troublé que par une flopée de pigeons agglutinés autour d'une vielle femme qui leur lance du pain, une balançoire qui grince de l'autre côté de la rue, quelques mouettes, de la dance russe crachée d'un haut-parleur dans un restaurant au loin, quelques rares paroles de promeneurs qui passent. La grisaille se retrouve même dans les jardinières de fausses fleurs aux couleurs passées... Je me demande comment c'est au plus fort de la saison. Cette atmosphère un peu triste que je ressens est-elle propre au lieu, aux habitants, à la période ? 

En tout cas, c'est un ressenti bien plus chaleureux que je retrouve avec Nikita. On discute beaucoup. Malgré son âge (30 ans), il a vécu la chute de l'URSS et son ouverture sur le monde lui permet d'avoir un œil assez objectif sur le régime soviétique. Son père, d'origine paysanne et devenu scientifique, dirait certainement que le temps de l'union soviétique était bien, juste et paisible. Avec sa mère professeure de piano, cette famille devait avoir des allures de famille modèle pour le régime. Et en un sens, Nikita confirme que c'était un temps plutôt agréable où on avait pas besoin d'économiser pour acheter un appartement, de chercher un travail... Au prix de certaines libertés certes... Nikita me répète une parole de Vladimir Poutine : "ceux qui ne sont pas nostalgiques de l'URSS n'ont pas de cœur, ceux qui voudraient y retourner n'ont pas de cerveau"... Non pas qu'il soit en faveur de Poutine mais effectivement... Ce n'est certainement pas dans un modèle existant qu'il faut chercher notre futur. Je suis contente de voir que Nikita partage les mêmes convictions "humanistes" que moi... Voilà qui pèsera, je l'espère, sur l'orientation de l'avenir de la Russie...

Direction un concert de rock donné par un groupe que connaît Nikita (lui-même joue de la guitare dans un autre groupe) dans un bar. Je ne suis pas étonnée de découvrir que ses amis sont des gens très sympathiques...

Sur le chemin du retour, je découvre une pleine lune brillante comme je ne l'avais jamais vue...