Aujourd'hui je suis allée visiter l'île de Kiji à 1h30 de bateau de Petrozavodsk dans le lac Onega. Inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, cette île est connue pour ses églises aux toits faits de bulbes en bois. Effectivement, c'est impressionnant et les touristes sont nombreux à venir les admirer. Le bateau qui nous y amène est complet...lorsque je dis à Gricha, un ami de Nikita, que j'ai passé la journée à Kiji, il grimace de dégoût. Il s'y est seulement rendu une fois il y a longtemps et ne semble pas prêt à y retourner. Gricha est de Petrozavodsk. C'est une petite ville et beaucoup de choses tournent autour de Kiji. Il semble que Gricha, comme beaucoup d'autres, se soit détaché de son propre patrimoine pour "l'abandonner" aux touristes. Comme si cette île en était réduite à n'être qu'un produit touristique, le produit touristique phare de la région. Des touristes qui dorment dans des hôtels construits spécifiquement pour eux, mangent dans des restaurants que les russes n'osent s'offrir... Ils viennent ici pour Kiji. J'imagine un groupe de touristes dérobant Kiji à ses propres habitants pendant la nuit... On pourrait presque parler d'une perte d'identité finalement... Je trouve ça dommage...
Mais quand j'y pense, combien de fois suis-je montée en haut de la Tour Eiffel ? Peut-être une fois en voyage scolaire...
C'est vrai que je ne ressens pas trop l'envie d'aller discuter avec ses groupes de touristes chinois qui débarquent en bus devant la Tour Eiffel... C'est la même chose pour Gricha j'imagine...
En revanche, les discussions autour d'une table sont un vrai vecteur de rassemblement humain ! Nous parlons foot et sport en général (Gricha se réjouit d'aller voir le match Russie-Suède la semaine prochaine à Moscou), histoires de pêche et de vodka et même Crimée, Ukraine et droits des homos.
Nikita va peut-être partir en vacances en Crimée bientôt. Pour les russes, c'est avant tout un lieu de vacances où profiter du soleil, de la mer et de la région. Des vacances qui vont coûter un peu plus chères qu'avant d'ailleurs car maintenant que c'est russe, la monnaie est le rouble et le développement s'y fait à grand renfort d'investissements russes. Pour Nikita, cette région et celles revendiquées par la Russie doivent forcément rester russes. Non pas parce qu'il tient absolument à ces territoires, mais parce que selon lui maintenant il est trop tard. Il y a trop de colère et de ressentiment entre les deux peuples. Difficile de les faire à nouveau vivre ensemble... Ce sont les causes, les déclencheurs, ceux qui ont un intérêt à simplifier le conflit en tant que guerre russo-ukrainienne qu'il faut analyser en détails, non pas pour solutionner l'actuel guerre, mais pour éviter qu'elle ne se reproduise ailleurs...

Demain, je pars en train à Kandalakcha pour un trek dans la péninsule de Kola au nord. J'ai hâte de prendre un bain de nature...