Un peu plus tôt dans l'après-midi, un ukrainien vient engager la conversation. Je l'écoute parler avec Isabella mais c'est encore difficile pour moi de m'exprimer en russe. Il faut dire qu'entre ce qu'on apprend à l'école et la réalité, il y a comme un fossé. Les russes parlent très vite et ne sont pas très attentifs aux étrangers. Ils font peu d'effort. Josh, l'australien, partageait le même constat. Alors j'écoute... beaucoup. Et je réalise avec satisfaction que j'arrive tout de même à comprendre pas mal de choses. Je ne peux peut-être pas répondre, mais au moins je comprends. J'aurai plus tard l'occasion de m'exercer. Micha et Isabella vont rejoindre le groupe d'ukrainiens avec de la bière dans la première partie de la voiture. Ça fait déjà un moment que je vois des personnes passer dans l'allée en titubant. L'alcool aide apparemment à faire passer le temps plus vite. De mon côté, j'installe mon lit : un matelas que je déroule sur la banquette, un oreiller, et un set de draps propres que le provodnik est venu nous apporter dès notre arrivée. Je vais chercher de l'eau chaude pour le thé au samovar à l'entrée de la voiture et je comprends ce que tout le monde attendait. La franche camaraderie, l'échange de nourriture, de boissons bien sûr et des discussions à n'en plus finir. Un ukrainien, qui me fera les yeux doux toute la soirée, me supplie de rester discuter avec lui et Micha..

Voilà ma première opportunité de discuter. Cet ukrainien s'appelle Victor et il sera finalement un bon compagnon de voyage. Il fait l'effort de parler lentement et de répéter. Il discute principalement avec Micha, et j'arrive à intervenir dans la conversation. Je pense que ma soirée m'a bien fait progresser autant qu'une année de russe à la fac !
Au court de la soirée, j'aurai entendu des chants russes, par la voix forte d'Igor et bien sûr trinqué avec un verre de vodka ou de je ne sais quel alcool "maison". A ce moment précis, je sens que les lecteurs qui me connaissent s'insurgent. Comment ? Moi qui ne bois jamais d'alcool ! Et bien je peux vous dire que quand on vous propose un fond d'alcool pour trinquer en insistant que c'est la tradition, dans ces circonstances là, il n'y a pas d’échappatoire. Je vous rassure, j'ai refusé tous les autres verres ! Simplement le premier qui m'assure leur sympathie qui me vaudra peut-être quelques photos demain.
Vient ensuite l'heure d'aller dormir, les lumières s'éteignent, le calme revient. Mais je n'arrive pas à dormir. Trop de choses dans la tête...