Je retrouve le transsibérien avec un grand plaisir. L'idée de me faire bercer doucement par le ronron du train pendant 4 jours contraste bien avec le rythme effréné et bruyant de Moscou où nous venons de passer la semaine. Moscou a bien sûr tous les défauts d'une capitale, les 2x3 ou 4 voies automobiles en plus. Mais je dois avouer que cette ville m'a agréablement surprise. C'est sans doute en partie grâce à une météo agréable qui réveille les couleurs des bâtiments. Rose, jaune, vert. Ces couleurs qui n'avaient pas retenues mon attention lors de précédents séjours en pleine grisaille ou neige. C'est, je pense aussi, le cumul de toutes les expériences que l'on vit dans un lieu qui colore l'impression. Il se trouve que nous avons eu quelques expériences intéressantes avec Mathieu. Notamment celle du Bolshoi. Voyant que nous resterions plus longtemps que prévu à Moscou, j'ai convaincu Mathieu d'aller voir un ballet, discipline dont les russes sont passés maîtres. Il restait quelques places pour un ballet comique, le Ruisseau Clair, dans le nouveaux théâtre du Bolshoï. Légère appréhension: y a-t-il un dress code spécifique? Habit de soirée recommandé, les shorts sont refusés bien sûr! Notre tenue à nous sera notre tenue de voyageur de tous les jours... Ça passe... Nous avons la banane dans les grands miroirs du hall ! Le rideau se lève. Mathieu :"ils ne parlent pas ?" Non, un ballet n'est composé que de musique et de danse... International! Le rideau tombe. C'était amusant, une histoire de quiproquo amoureux où des danseurs, homme et femmes échangent leurs rôles et leurs costumes pour donner une leçon à ceux qui tentent d'aller voir ailleurs. On entend des BRRRAVO exaltés. Les danseurs principaux se voient offrir sur scène des bouquets de fleurs apportés par des admirateurs. Le ballet russe, c'est tout un rituel!

Nous avons aussi retrouvé Kolïa avec qui j'avais fait un trek dans la péninsule de Kola au nord du pays 2 ans auparavant. Il nous a fait découvrir l'immense parc de Kolomenskoë, une ancienne résidence de tsar qui longe la Moskva avec forêts, jolies églises et verger de pommiers romantiques pour les amoureux. 

Puis nous avons découvert Artplay, des usines reconverties en centre d'art et de design où se côtoient pêle-mêle une statue grecque de 5 mètres de haut, un restaurant vegan, du mobilier de luxe, une école de cinéma... Kolïa était justement dans cette école et il nous fait visiter le lieu jusqu'à la terrasse la plus haute pour apprécier la vue de Moscou. 

Nous avons aussi parcouru les allées d'un grand marché alimentaire au sud de Moscou. J'ai adoré voir tous ces étals de fruits et de légumes en provenance essentiellement du Caucase. Toutes ces couleurs, ces odeurs, beaucoup de miel aussi... nous avons craqué pour des minis fraises des bois. Miam !

Globalement, à part les douches froides, un peu rude au réveil (nous sommes tombés la semaine où ils nettoient les canalisations d'eau chaude!), je garde de Moscou une image très positive. En étant logé chez Josh, que j'avais rencontré à Moscou 3 ans auparavant, cette semaine a été un bon intermédiaire entre notre vie parisienne et l'aventure de l'inconnu. 

La notion de temps commence à prendre une autre tournure : déjà à Moscou, nos repères pour rythmer nos journées ont changé : la météo, le ventre qui gargouille, la reprise du tram bruyant au petit matin en bas dans la rue, la nuit qui tombe... 

Le temps va maintenant continuer à s'étirer dans le train...

Allez, une partie de cartes nous attend avec notre voisin Mikhaïl.